Tolstoï & Herbert

Guerre et Paix avec Dune

Première question que je me pose, dans mon « ici » (espace et temps) et votre « « , avant d’écrire : Est-ce que la personne humaine qui commence à lire ce petit texte, ce cheminement, le lira jusqu’au bout ? Se laissera t’il happer par ces questions que je me pose, et cela enrichira-t-il les siennes ? Je ne sais pas en commençant où j’en serais à la fin, je n’ai pas de projet (je haïs les « projets »), quand une question me vient au petit matin, juste avant le réveil je la suis et je tente de voir ce que cette question a à me dire, et où me conduit-elle.

Avant de plonger dans cette aventure créer par les mots dits ou écrit, je ne peux m’empêcher de commencer par une sorte d’avant propos. J’ai ce besoin qu’il m’arrive d’avoir des définitions personnelles des mots que j’emploie.
Des mots comme « Croire », « avoir la Foi », « avoir la Certitude », « savoir », « Connaissance (Co-naissance) », pourraient, si on n’y prend garde être utilisés les uns pour les autres. Parfois c’est juste dans un souci d’éviter les répétitions afin d’alléger le texte. Pourtant chacun de ces mots ou groupe de mots désigne à mes yeux des réalités très éloignés les unes des autres. Comme « Futur » et « Avenir », ou comme « Catastrophe » et « Désastre ».
(Évidement s’il n’existe plus qu’un seul mot « challenger » pour dire « défier », « mettre face à ses responsabilités », « exiger », « imposer », « négocier » et un jour nous allons nous retrouver très pauvre en langage et en possibilité de penser. « checker » ?…)

Comme une introduction

C’est en parlant récemment de Guerre et Paix que le désir de parler ensemble de ces deux œuvres est né.
Le Général Koutouzov possède en lui, l’intuition de la grandeur tragique des personnes humaines et de l’humanité comme un organisme. Koutouzov est un mystique, comme Léto Atrèïde l’est aussi, un mystique de l’inattendu, l’inattendu est une notion qui appartient à l’avenir. Dans le camp d’en face il y a Napoléon, un génie qui construit tout sur sa capacité à calculer et en matière de pouvoir sur une obéissance absolue à ses ordres, En cela il est un baron Vladimir Harkonnen ! Ces deux être envisage et calcul de Futur, le Futur appartient au monde des certitudes. Ces deux êtres romanesques possèdent la certitude que l’humain est un être dirigé par la peur et donc manipulable par celle-ci. Harkonnen pense même que son génie calculateur est plus puissant que celui de son propre mentât (qui un super calculateur), oui en cela aussi, il est vraiment très proche d’un Napoléon !

Dans les deux romans, nous avons l’exposition d’un conflit majeur, de deux camps distincts. Le premier camp veut laisser ouvert l’avenir sur la création permanente et accepter et intégrer ces inattendue voulu par les peuples, et de l’autre coté, un camp qui veut tout calculer, prévoir et créer un futur certain ou tout inattendue sera évacué.

Je pense à Alain Damasio et son propos sur la science fiction : « La science-fiction se doit de proposer des alternatives » et permettre au lecteur, lorsqu’il tourne la dernière page, il se dise « j’aimerais vivre dans ce monde ». Il parle du couple Dystopie vs Utopie.

Et je me rends compte qu’aussi bien Guerre et Paix que le Cycle de Dune sont des Utopies. Car leur intention est de nous amener à nous émerveiller de la place de l’humanité dans un univers en création permanente (ce que tentent d’enseigner l’école féminine des Bene Gesserit, ce dont parle Natacha quand elle envisage l’avenir, elle n’envisage pas le futur).

Cela me rapproche d’une phrase lue récemment du Pape François dans l’une de ses homélies :
Les temps changent (the times they are a-changin’)

« regarder les paysans, les simples : eux, dans leur simplicité, savent comprendre quand arrive la pluie, comment pousse l’herbe ; ils savent distinguer le bon grain de l’ivraie. Cette simplicité, si elle est accompagnée du silence, de la réflexion et de la prière, nous fera comprendre les signes des temps. Car les temps changent et nous chrétiens devons changer continuellement… »

Dans Guerre et paix nous trouvons le paysan qui va éclairer Pierre sur accepter les temps à venir avec son lot d’inattendu qui toujours nous font grandir Comme dans la Maison des Mères comprend le message du « sacré vieux ver » en regardant une femme, une sœur enceinte, travailler la terre avec espoir et confiance en l’avenir, malgré les temps lourds.

Étrangement, le mode littéraire choisis pas ces deux auteurs est la tragédie. La Tragédie permet de faire ressortir la grandeur de la personne humaine et de l’humanité dans l’acceptation de cet inattendu. Le cycle de Dune en est l’exemple type. Chacun des romans est une tragédie et pourtant en le refermant, paradoxalement on a l’âme regonfler et le désir de vivre. Guerre et Paix agit de même, le monde va changer, on ne sait pas où, ce sera inattendu, mais cela nous fera grandir. Au bout de ces deux romans, il n’y a pas le Ragnarök des nordiques, mais l’apocalypse (la révélation) des méditerranéens.

Ces deux auteurs ont une conscience aiguë de la place première des femmes dans l’humanité. L’école des Bene Gesserit chez Herbert et la citation de Tolstoï : « Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde. »

Définitions

Croire : Disposition mentale qui consiste à confier en prêt avec le pari d’être remboursé dans un futur. Croire venant le mental est une sorte de calcul. Pierre fait le Pari au début de la franc-maçonnerie comme pouvant apporter le bonheur. Les officiers de Léto croient en lui. Le peuple Russe croit en Dieu, les Fremens en Shai-hulud !

Foi : Disposition spirituelle qui consiste à donner toute sa confiance sans aucune assurance mais en sachant que l’avenir apportera son lot d’inattendue qui me feront grandir en tant que personne appartenant à un univers en création permanente. L’empereur Dieu de Dune à Foi en le sentier d’or qui est la destruction de tout les futurs calculés pour ouvrir la conscience humaine sur l’avenir et un univers en création permanente. Pour Tolstoï les peuples portent en eux la Foi dans des avenir inattendu ou l’humanité grandira encore et encore. C’est ouvert sur l’éternité mais pas sur l’immortalité

Certitude : Tenir pour acquis des savoirs du passé et penser qu’ils seront encore valables dans le futur calculé. Napoléon calcule la campagne de Russie en tenant pour acquis son génie. Harkonnen a planifié l’arrivé sur le trône de sa lignée.

Savoirs : Ensemble des chose connu suite a des expériences démontrées, mais avec la conscience que le savoir venant du passé est contingent et que leur vérité peut s’éroder.

Co-naissance : Discipline spirituel consistant à faire naitre des mots et du savoir en vivant pleinement l’expérience. Naitre avec.

Avenir : ce qui est toujours inattendu dans un univers en création permanente. L’avenir est ouvert sur la création et l’invention, l’innovation pour l’avenir est un conservatisme.

Futur : Une ligne de temps que l’on fige afin qu’il se reproduise les mêmes choses que par le passé. Tout est calculé, simplifier au point de mourir. Pour Tolstoï les Francs Maçons portent ce concept de futur, pour Herbert ce sont les structures même de l’empire CHOM, La guilde, les Harkonnen ou les Corinos. Le futur aime l’innovation et pas la création ou l’invention.

Catastrophe : Fin d’une histoire pour qu’en commence une nouvelle.

Désastre : C’est quand le futur prédomine dans la pensée et que la crise survient alors tout a coup on ne sait plus comment accueillir l’avenir alors s’installe le chaos et le néant, la perte des astres

Une réflexion sur “Tolstoï & Herbert

  1. Je « crois » que croire est une prédisposition naturelle qui se met à disposition. Croire est la révélation de la disposition à entrer en la croyance. Croire est l’accueil par excellence. Croire n’a plus besoin d’argument. Il s’agit de l’évidence.

    La foi est un état qui émet une hypothèse, mais aussi une certitude, car il s’agit du souffle naturelle de la respiration, yin et yang, inspir et expir. La foi est un au-delà.

    Co-naissance, c’est naître de sa seconde naissance, de chair à l’esprit. Entrer en la connaissance, c’est la laisser être et croître.

    La certitude ne vient pas du « moi ».

    Non exhaustif… Infinité d’ouvertures possibles.

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