La crèche inattendue

Ce texte nous a été lu durant l’adoration de la crèche juste avant la dernière messe de la nuit le 24 décembre. Je ne le connaissais pas et j’était loin de me douter quel en était l’auteur, je vous le livre.


«Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici. Voici la Vierge, voici Joseph et voici l’Enfant Jésus. »

L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin, vous le trouverez peut-être naïf, mais écoutez. Vous n’avez qu’à fermer les yeux pour m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.

La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « mon petit » ! Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : « Dieu est là », et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères. Mais aucun n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ». Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.

Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même: il adore et il est heureux d’adorer»

(Bariona ou le fils du tonnerre, 1940) .

Bariona, ou le Fils du tonnerre est une pièce de théâtre écrite par Jean-Paul Sartre en 1940, à l’occasion de la fête de Noël, alors qu’il est prisonnier des Allemands.
À cette époque, Sartre lit la Bible ainsi que les ouvrages du philosophe Heidegger.

La voix de Vassivière

Après avoir lu son article aux grands brulés de la vie hier au soir, des rêves me sont venu dans la nuit. Des rêves qui réveillent de cette honte non culpabilisante et qu’au petit matin on peut se réveiller.


Le froid est descendu par la gorge. Le feu brulant des alcools fort ne pouvait plus l’arrêter. La défaite du corps serait totale. Le cœur en dernier se figerait. En premier c’était l’estomac, il devenait de glace lacérée. Au moins, la faim disparaissait. La douleur de celle-ci se dissolvait dans une brume presque apaisante, presque lumineuse. Tout était dans ce presque avant que le froid commence à envahir les intestins. Ô, fabuleux organe, trieur de ce qui devenait humains et de ce qui devait retourner à la terre. Cela cessait de fonctionner. Le froid les pétrifiait en une corole brunâtre et rigide. Puis, venaient les reins. Une colique néphrétique aux dimensions de titan. Impossible d’évacuer un tel cristal, tout en longueur, tout en largeur, tout en douleur, un accouchement qui n’aurait jamais lieu, figée dans une attente sans fin. Alors le mouvement doucement cessé, les jambes s’abandonnées à la torpeur d’une somnolence prématurée. Le froid s’abattait sur la ville, il descendait des sources du nord et il se rependait dans la capitale remontant de la Seine et prenant d’assaut les collines de Belleville. Il trouvait ce corps déjà meurtri, fatigué, abandonné par ses frères humains. Et il le dévorait. Il ne restait plus que les poumons et le cœur à gelé. Alors tout serait accomplis, il n’y avait plus que l’âme à emprisonner dans un sommeil de mort. Seul l’esprit poursuivrait son voyage vers l’éternité. En haut dans les étages des appartements cossus et moins cossus un autre froid s’était installé. Le froid qui dissolvait ce qu’il restait de Fraternité, un vague souvenir, une presque peur de perdre ses deniers dévalués. Le bourg au matin oublierait ses morts de la nuit. Ils et elles se retrouveraient pour parler, discuter, bavarder et répondre aux questions « où placer les avoirs ?», oublieux de ce que c’est que d’être ! Et pourtant au petit matin des femmes, surtout, des hommes parfois, se lèvent et se mettent en chemin pour retrouver et aider ceux que la vie a abandonnée et meurtrie. Ils viennent à eux leurs rappeler qui sont leurs sœurs, qui sont leurs frères. Ils contaminent les cœurs des morts-animés retrouvant la vie qui alors réchauffent le ciel de Paris.

Les dialogues avec l’ange

Citations en marchant

Le vouloir est un mur et non une marche.
Mercredi 8 avril 2020

CEUX QUI QUESTIONNENT SONT PLUS CHERS DEVANT LUI QUE CEUX QUI SAVENT.
Jeudi 9 avril 2020

A UNE VRAIE QUESTION, VIENT LA RÉPONSE.
Dimanche 12 Avril 2020, dimanche de Pâques

La science est l’enfant de l’émerveillement.
Ne la méprisez pas.
L’émerveillement et la curiosité sont deux.
Il y a beaucoup de curieux,
Mais il y a eu des émerveillés.

AUTOUR DE CELUI QUI SAIT S’ÉMERVEILLER,
ÉCLOSENT LES MERVEILLES.

Je t’enseigne :
Fais attention dans tes cours à l’harmonie.
L. A l’harmonie en moi-même.
– Non. Tu as beaucoup d’élèves ensemble.
Tous ne sont pas faits pour être ensemble,
mais tous sont faits pour être avec toi.

Le retour du parcours de ce chemin

Ce qui prend tout son sens, ce n’est pas un Futur calculé, mais bien un à venir inattendu et renouvelé.

Cosmos ! Univers unique comme question héritée de Newton, 4 dimensions et d’autres que devine la mécanique quantique. LE Cosmos donc, qui EST plutôt que de N’ÊTRE PAS. Bien au-delà d’un secret (découvrable, inavoué, dissimulé), LE mystère (inconnaissable, inaccessible) comme expérience à vivre.

Et dans COSMOS, des êtres humains vivent les expériences d’au-delà de nos 4 dimensions accessibles et quotidiennes, si banales.

Et puis, dans nos vies, au cœur même de nos intimités singulières, où git encore le plus profond mystère, celui qui appartient aux portes spirituelles, nous lisons le témoignage d’une de ces expériences à travers l’outil imparfait que sont les mots, imparfaite est l’écriture de ces mots sur un papier que le temps altérera.
Cette expérience réveille quelque chose en nous qui semblait dormir ou du moins qui semblait en pause.

Et bien, c’est cette lecture, cette rencontre, cette expérience que j’ai vécu avec les dialogues avec l’Ange.

En ce temps là, je voulais que tous le lise, tant j’en avais été bouleversé, tourneboulé, retourné, comme Marie Madeleine se retourne deux fois dans l’évangile de Jean.
Et oui, je fus déçu du retour de mes amies et amis, compagnonne et compagnons, camarades ! Mais c’est moi qui avais tort. Maintenant je témoigne et, je sais qu’il existe d’autres paysage a exploré, d’autre lecture, d’autre états qui peuvent être approché. Les dialogues me correspondaient, mais ils ne correspondent peut-être pas à tous et cela n’enlève rien à leur cheminement à travers la vie et à travers le Cosmos, il n’y a pas de meilleure façon pour explorer son intimité profonde que d’user de la sienne propre, de sa singularité.