Je ne promets pas, mais…

Tout a commencé là-bas
Avec mon père, qui est mon frère, qui est mon ami
Et mes sœurs, qui sont aussi mes amies.
« Je ne promets pas
De ne plus perdre la Foi,
Mais je promets
Que dans ces moment là
Je me souviendrais des grâces
Et des joies qu’elle me donnait. »
Les grâces données
Sont ces signes offerts à mes sens
Ouverts à mon interprétation
Par « mon » discernement
« Mon » Intelligence
« Ma » Sagesse.
J’en témoigne, en sujet et en vérité.

Tout a commencé là-bas,
Par ces propos professionnelles rapportés.
1990, un best-seller c’était 300 000 exemplaires
2023, c’est 10 000 exemplaires.
Où sont les lecteurs ?
1990, les livres que je ne lisais pas,
Ils me pénétraient par capillarité par ceux qui les avait lus,
Par la parole, l’échange, le regard et l’enthousiasme.
2023, parlez d’un livre à un jeune de 35 ans éduqué,
Il vous méprise
Vous regarde de haut
Vous éloigne vous et vos joies de lire,
Dans sa forteresse constituée
De foot,
De Tiktok,
D’influenceureuses maquilleureuses.
Plus de capillarité.
Des chercheurs constatent
L’intelligence humaine baisse.

Je ne promets pas de ne pas perdre foi en l’humanité,
Mais…
Mais j’attends.
Boomer ?

Seules la Foi, la confiance, l’amour, l’espoir Aident.
Bravo aux derniers lecteurs !
Je vous aime.

Néant ! tu ne me voleras pas mon espoir !


Le voilà l’agent du désespoir et du néant :

Anne, Aurélien et Gaël

Parce que je n’en ai pas finis avec mes lectures.

« Je lui demande sa définition de l’érotisme, de la pornographie.
— L’érotisme, la pornographie ?
— Oui.
— Mais ça n’est pas du tout la même chose, mademoiselle ! Il est de bon ton d’affirmer que c’est la même chose, mais ce n’est absolument pas le cas. L’érotisme promet un ailleurs, il est idéaliste. Dans le porno, pas d’ailleurs, c’est un matérialisme. Ce sont deux cousins qui regroupent presque les mêmes éléments, mais qui ne peuvent pas coucher ensemble.
— Et vous, vous penchez naturellement vers quoi ?
— Plutôt pornographe. Il y a un certain panache à affirmer « Je suis pornographe », c’est un peu du snobisme à l’envers. Le pornographe vit sa vie sans espoir d’ailleurs. Il n’est pas frustré, car il n’a pas d’espoir, il n’en a pas besoin.
— Le pornographe est donc malheureux.
— Pas plus malheureux qu’un autre. L’espoir frustre, vous l’avez sans doute déjà remarqué, non ? Ceci dit, je ne sais pas qui a raison. Vous m’avez demandé ma définition, je vous l’ai donnée. Et vous, vous êtes heureuse ? »

Anne Vassivière 122, rue du chemin vert !

« De gré ou de force, inévitablement, nous apprendrons très bientôt qu’on ne triche pas impunément avec les lois de la nature. Ni avec les forces ancestrales de nos cultures.
Critique, ce temps l’est encore par la suffisance qu’il exacerbe. Par son incapacité à recevoir l’altérité. Par son recours au mépris quand il faudrait l’écoute, par son appel à la tolérance quand il faudrait l’amour.

Aucune révolution majeure n’a eu lieu depuis plus de cent ans.

La précision de nos mesures comme la diversité de nos connaissances ont vertigineusement augmenté. Les progrès sont notables dans tous les domaines. Les prouesses technologiques fleurissent. Mais aucun changement cardinal n’est intervenu. L’ontologie – l’être en tant qu’être – du réel n’a pas été repensée. Peut-être manquons-nous d’audace ou, plus encore, d’insolence.

La politique scientifique ne se soucie plus beaucoup de science : elle est construite pour répondre aux indicateurs arbitraires qu’elle invente elle-même afin de se convaincre de son efficacité. Le « droit à l’errance » qui constitue pourtant en réalité, un devoir de rigueur et d’humilité, a été oublié. Supplanter, par exemple, au respect inconditionnel de la singularité, la généralisation d’indicateurs chiffrés de « bien-être au travail » est symptomatique d’un dévoiement du sens. D’une faillite. »

Anomalies Cosmique Aurélien Barrau

Passons sur le débat interne aux savants romanistes concernant la question de savoir si les res communes dans le droit romain auraient émergé dès avant Marciano, sous la plume de juristes et de non-juristes. Ce qui importe, ici, c’est que la notion ait été structurante pour l’Antiquité romaine, et qu’elle se distingue de la res nullius comme de la res publica. Cette dernière, en effet, appartient au peuple romain, tandis que les res nullius, à l’instar des poissons et des autres bêtes sauvages, n’appartiennent à personne mais attendent, en quelque sorte, leur propriétaire : en les capturant, un particulier peut en faire des res privatae. Il n’en va pas de même des res communes, qui, elles, sont à jamais inappropriables dans la mesure où elles appartiennent à l’humanité tout entière.

La res nullius, je l’ai dit, n’attend que la survenue d’un propriétaire pour être appropriée. La res nullius in bonis, elle, renvoie à ce qui est retranché de la sphère de tout ce qui est appropriable pour être réservé aux dieux ou à la cité. « L’institution de réserves sanctuarisées fait apparaître, par contraste, le reste du monde, qui n’est autre que celui du droit privé, comme vierge de sacralité et de religion. Là, toutes choses s’approprient, s’aliènent et relèvent de procédures civiles d’évaluation². » Cette « sanctuarisation, en somme, libérait tout le reste³ ». Ainsi d’un édifice sacré : il « n’est pas une personne, mais une chose qui est à elle-même indisponible et qui est représentée par les administrateurs publics du sacré ». Outre les basiliques et les temples, quelles sont les res inscrites par le droit dans l’aire du « sacré », du « religieux »
soustraites à l’espace marchand ? Tout ce qui relève d’un usage « public ». Yan Thomas précise ainsi que nul ne pouvait acheter une chose dont « l’aliénation est interdite, comme les lieux sacrés et religieux ou les choses dont on ne fait pas commerce, non en ce qu’elles appartiennent à la cité, mais en ce qu’elles sont destinées à l’usage public, comme le Champ de Mars.

Gaël Giraud Composer un monde en commun

Quoi de commun entre ces trois extrait, ce roman et ces deux essais ?
Entre La matière et l’idée ?
C’est la venue du Sujet. Le roman d’Anne Vassivière est une ode au sujet contre la mise en objet, et les deux autres essayistes nous invitent à réfléchir sur le statut de l’objet, objectif comme si si être objectif était la preuve de certitudes. Et le sujet ? Le subjectif fait les relations, Il est construit de confiance et d’inattendu souhaitable.

Le sujet est anticapitaliste
Le sujet est une porte ouverte dont la clé est l’insolence, l’insolence de l’érotisme, l’insolence de la science et l’insolence du christianisme.

J’explore encore mes propres lectures parallèles et je découvre que les choses, les « res », sont liées, reliées, en relation subjectives entres elles, par un sujet, une idée. Et que les objets ne peuvent pas se réduire à leur fonction, mais bien par leur épanouissement en relations offrant la création de beautés inattendues et changeantes en permanence.

Alors oui :
Le capitalisme est pornographique,
Le commun sacré est érotique.

La crèche inattendue

Ce texte nous a été lu durant l’adoration de la crèche juste avant la dernière messe de la nuit le 24 décembre. Je ne le connaissais pas et j’était loin de me douter quel en était l’auteur, je vous le livre.


«Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la Crèche. La voici. Voici la Vierge, voici Joseph et voici l’Enfant Jésus. »

L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin, vous le trouverez peut-être naïf, mais écoutez. Vous n’avez qu’à fermer les yeux pour m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi.

La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « mon petit » ! Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : « Dieu est là », et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères. Mais aucun n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ». Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.

Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même: il adore et il est heureux d’adorer»

(Bariona ou le fils du tonnerre, 1940) .

Bariona, ou le Fils du tonnerre est une pièce de théâtre écrite par Jean-Paul Sartre en 1940, à l’occasion de la fête de Noël, alors qu’il est prisonnier des Allemands.
À cette époque, Sartre lit la Bible ainsi que les ouvrages du philosophe Heidegger.