Après avoir lu son article aux grands brulés de la vie hier au soir, des rêves me sont venu dans la nuit. Des rêves qui réveillent de cette honte non culpabilisante et qu’au petit matin on peut se réveiller.
Le froid est descendu par la gorge. Le feu brulant des alcools fort ne pouvait plus l’arrêter. La défaite du corps serait totale. Le cœur en dernier se figerait. En premier c’était l’estomac, il devenait de glace lacérée. Au moins, la faim disparaissait. La douleur de celle-ci se dissolvait dans une brume presque apaisante, presque lumineuse. Tout était dans ce presque avant que le froid commence à envahir les intestins. Ô, fabuleux organe, trieur de ce qui devenait humains et de ce qui devait retourner à la terre. Cela cessait de fonctionner. Le froid les pétrifiait en une corole brunâtre et rigide. Puis, venaient les reins. Une colique néphrétique aux dimensions de titan. Impossible d’évacuer un tel cristal, tout en longueur, tout en largeur, tout en douleur, un accouchement qui n’aurait jamais lieu, figée dans une attente sans fin. Alors le mouvement doucement cessé, les jambes s’abandonnées à la torpeur d’une somnolence prématurée. Le froid s’abattait sur la ville, il descendait des sources du nord et il se rependait dans la capitale remontant de la Seine et prenant d’assaut les collines de Belleville. Il trouvait ce corps déjà meurtri, fatigué, abandonné par ses frères humains. Et il le dévorait. Il ne restait plus que les poumons et le cœur à gelé. Alors tout serait accomplis, il n’y avait plus que l’âme à emprisonner dans un sommeil de mort. Seul l’esprit poursuivrait son voyage vers l’éternité. En haut dans les étages des appartements cossus et moins cossus un autre froid s’était installé. Le froid qui dissolvait ce qu’il restait de Fraternité, un vague souvenir, une presque peur de perdre ses deniers dévalués. Le bourg au matin oublierait ses morts de la nuit. Ils et elles se retrouveraient pour parler, discuter, bavarder et répondre aux questions « où placer les avoirs ?», oublieux de ce que c’est que d’être ! Et pourtant au petit matin des femmes, surtout, des hommes parfois, se lèvent et se mettent en chemin pour retrouver et aider ceux que la vie a abandonnée et meurtrie. Ils viennent à eux leurs rappeler qui sont leurs sœurs, qui sont leurs frères. Ils contaminent les cœurs des morts-animés retrouvant la vie qui alors réchauffent le ciel de Paris.

