Message d’Aigle blanc

Chef Hopi 16 mars 2020

Le récit des origines du monde des Hopis raconte la création qui s’est faite par étapes :

  • le premier monde Tokpela (l’espace infini). À partir de l’infini, le créateur Taiowa créa le monde fini avec les terres, les animaux et des humains. Quand les humains sont devenus mauvais, ce monde a été détruit par le feu. Les hommes épargnés ont été guidés vers un nouveau monde au-dessus ;
  • Tokpa (minuit sombre) le deuxième monde, qui a finalement été couvert de glace après que les hommes ont grimpé au troisième monde ;
  • Kuskurza (la signification du terme s’est perdue), ce troisième monde auquel sont associées la direction est et la couleur rouge a été englouti sous les eaux. Les hommes ont dû chercher eux-mêmes le passage vers un nouveau monde ;
  • Tuwaqachi (le monde entier) le quatrième monde est celui que les humains habitent toujours, sa direction est le nord, sa couleur sikyangpu un jaune-blanc.
  • Une prophétie prédit la fin de ce quatrième monde, les survivants grimperont vers un cinquième.

 » Ce moment que traverse l’humanité peut maintenant ressembler à un portail ou être comme un trou.
La décision de tomber dans le trou ou de passer par le portail dépend de vous.
Si vous regrettez le problème et consommez les nouvelles 24 h / 24, avec peu d’énergie, nerveux tout le temps, avec pessimisme, ils tomberont dans le trou.

Mais s’ils saisissent cette occasion pour se regarder, repenser la vie et la mort, prendre soin d’eux-mêmes et des autres, ils traverseront le portail.
Prenez soin de vos maisons, prenez soin de votre corps. Connectez-vous à votre maison spirituelle.
Quand vous vous occupez de vous-mêmes, vous vous occupez de tout le reste. Ne perdez la dimension spirituelle de cette crise, ressemblez à l’aigle, qui d’en haut, voit le tout ; voyez plus largement.

Il y a une demande sociale dans cette crise, mais il y a aussi une demande spirituelle. Les deux vont de la main. Sans la dimension sociale, on tombe dans le fanatisme. Mais sans la dimension spirituelle, nous tombons dans le pessimisme et le manque de sens.
Ils étaient prêts à traverser cette crise. Prenez votre boîte à outils et utilisez tous les outils que vous avez à votre disposition.
Apprenez sur la résistance avec les peuples autochtones et africains : nous avons toujours été et nous continuons à être exterminés. Mais nous n’arrêtons pas de chanter, de danser, d’allumer un feu et de s’amuser. Ils se sentent coupables d’être heureux pendant cette période difficile.
Ils aident du tout en étant tristes et sans énergie. Ils aident si les bonnes choses émanent de l’univers maintenant. C ‘ est à travers la joie que l’on résiste. De plus, quand la tempête sera passée, chacun d’entre vous sera très important dans la reconstruction de ce nouveau monde.
Ils ont besoin d’être bien et forts. Et pour cela, il n’y a pas d’autre moyen que de garder une vibration magnifique, joyeuse et lumineuse. Ça n’a rien à voir avec l’aliénation.
C ‘ est une stratégie de résistance. Dans le chamanisme, il y a un rite de passage appelé la recherche de la vision. Ils passent quelques jours seuls dans les bois, sans eau, pas de nourriture, pas de protection. Quand ils traversent ce portail, ils obtiennent une nouvelle vision du monde parce qu’ils ont affronté leurs peurs, leurs difficultés…
Voici ce qu’on vous demande :
Permettez-vous de profiter de ce temps pour réaliser vos rituels de recherche de vision. Quel monde voulez-vous construire pour vous ? Pour l’instant, voici ce qu’ils peuvent faire : sérénité dans la tempête. Calmez-vous, priez tous les jours. Établissez une routine pour rencontrer le sacré tous les jours.
Les bonnes choses émanent ; ce que vous émanez maintenant est la chose la plus importante. Et chanter, danser, résister à travers l’art, la joie, la foi et l’amour « .

Les Hopi

Les Hopi sont subdivisés en plusieurs clans, regroupés en phratries exogamiques. Chaque village est divisé en plusieurs clans qui portent des noms d’animaux ou de plantes. Les clans les plus importants étaient : clan des ours, clan des perroquets, clan des aigles, clan des blaireaux. Les clans, regroupant les membres d’une même famille sur plusieurs générations, se regroupent au sein de coopérative, sans réelle fonction administrative ou religieuse. Les hopis sont assez réfractaires à toute forme d’organisation politique : pas de hiérarchie administrative, en dépit des efforts du Conseil Tribal Hopi. Chaque village se gère de façon autonome. Le chef du hameau a pour fonction essentielle de veiller au bien-être des habitants et le Kaletaka (chef de guerre) joue un rôle de modérateur social. L’organisation religieuse est en revanche particulièrement structurée et c’est elle qui permet la cohésion sociale.

Commandement des mères et liberté sexuelle

La société Hopi est exogame. La descendance familiale est matrilinéaire et la demeure matrilocale. Les terres cultivables et les habitations appartiennent aux femmes. Leur économie repose sur l’agriculture (maïs, haricots, courges, en particulier) et sur l’élevage des moutons. L’union matrimoniale entre membres d’un même clan est interdite. L’adultère était parfaitement admis chez les Hopis. Dans certains groupes, les femmes avaient parfois la liberté de quitter leur époux quand elles le décidaient. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Indiennes décident d’élever seules leurs enfants ou se remarient plusieurs fois sans aucune amertume envers leurs ex-maris. Cette tolérance sociale n’empêche pas que le corps des femmes fasse l’objet de divers tabous religieux. Société matrilinéaire, les femmes dominent le clan. La grand mère maternelle est un personnage de première importance : propriétaire de la terre, chef du clan et gardienne des fétiches sacrés, ses conseils et ses ordres sont respectés.

Prêtre serpent, d’oncle à neveu maternel

Le mari et le père des enfants a un rôle subalterne par rapport au frère de sa femme, qui est lui considéré comme étant le père social de l’enfant. D’ailleurs, les hommes sont plus intéressés par la descendance de leur sœur que de leur épouse. C’est l’oncle maternel qui est chargé de l’instruction religieuse des enfants et de la transmission orale des savoirs. La dignité de Prêtre Serpent, de même, reste dans les limites du clan, mais passe d’un frère à l’autre ou de l’oncle maternel au neveu. Le serpent est une figure centrale des danses sacrées. Les serpents sont des symboles de fertilité. Chaque année, les Hopi pratiquent la danse du serpent pour célébrer l’union du Serpent Jeunesse (un esprit du ciel), et de la Fille Serpent (un esprit souterrain), pour renouveler la fertilité de la nature. Pendant la danse, des serpents vivants sont maintenus dans chaque main, et à la fin, les serpents sont relâchés dans les champs, afin de garantir de bonnes récoltes. « La danse des serpents est une prière pour les esprits des nuages, du tonnerre et de la foudre, pour que la pluie tombe sur les récoltes en croissance ».

Héritage utérin, la mère possède la terre

Parmi ces Indiens, les maisons appartiennent invariablement aux femmes et se transmettent en conséquence de mère en fille. Lorsqu’une Indienne Hopi meurt, sa maison passe à ses filles, ressortissantes de son clan à elle par descendance matrilinéaire; mais elle ne devient pas et n’est jamais devenue la propriété du clan. Tout d’abord, la loi des Hopi interdisant aux hommes de posséder des maisons, une moitié environ de la tribu ne peut se classer parmi les propriétaires. Secondement, il s’agit de la possession collective d’une maison non point par toutes les femmes du clan, mais tout au plus par les descendantes en lignée féminine de la défunte.

Union matrilocale

Lors d’un mariage, le mari va vivre dans le village ou la maison de la mère de son épouse et conserve la nostalgie de la maison familiale. Après le mariage, l’époux rejoint le clan de son épouse, l’homme emménage chez sa femme, c’est elle qui est propriétaire du logement et des terres. Les clans sont propriétaires des rituels, leurs objets et des kivas. Les sociétés des kivas ont la responsabilité des très nombreuses cérémonies qui rythment l’année.

La famille rotationnelle

Ce modèle de famille se nomme « rotationnel » car la rotation s’effectue autour du personnage central, celui de la mère. La mère demeure au centre alors que les mâles entrent, effectuent leur tour de piste, et puis s’en vont. C’est le modèle des Indiens Hopi. Fred Eggan, anthropologue, en fait la description de la manière suivante : « Le noyau ou l’axe central du ménage s’articule autour d’une lignée des femmes – un segment de la grande lignée. Tous les membres du segment, mâle et femelle, naissent dans l’habitation maternelle, et considèrent cette dernière comme leur domicile. Normalement, après le mariage, seules les femmes y demeurent. Après s’être mariés, les hommes de la lignée maternelle quittent le domicile pour emménager dans la demeure de leur épouse. Ils retournent au foyer natal à l’occasion de divers rituels et autres cérémonies, ou lors d’une séparation ou d’un divorce, ce qui est tout de même assez fréquent. À leur tour, d’autres hommes entrent dans le foyer maternel après leur mariage … Le ménage évolue autour d’un noyau central et permanent composé de femmes. Les hommes n’ont qu’une valeur périphérique, partagés entre leurs domiciles et leurs sentiments d’appartenance. » L’anthropologue A. I. Richards appelle ce modèle « l’institution du conjoint ou encore du frère visiteur. » Il remarque que ce modèle est caractérisé par des unions instables : « un homme qui ne peut plus tolérer la situation dans le village de sa conjointe quitte et va ailleurs. Cette situation pourrait être décrite comme étant celle du conjoint éjectable. »

Un sexisme équilibré

Comme dans toutes les cultures traditionnelles, les tâches sont sexuellement divisées. Les femmes ont des activités de poterie ou de vannerie et les hommes de tissage, mais chez les Hopi cette spécialisation sexuelle ne s’arrête pas aux tâches. La langue et l’espace sont également sexuellement répartis. Les femmes ont des activités plus à l’ouest et en hauteur et les hommes à l’est et en profondeur.

La femme au-dessus de l’homme

La femme a donc une position dominatrice, aussi bien sur le plan économique (transmission des biens) que domestique. Les naissances de filles sont donc ici très attendues contrairement aux sociétés indienne (Inde) et chinoise, qui n’hésitent pas à commettre l’avortement tardif des fœtus féminins non désirés. De fait, la femme se retrouve dans la majeure partie de ses activités dans une position de hauteur. Elle reste souvent au village, les hommes, eux, cultivent les champs qui se trouvent dans la vallée et lors des cérémonies, lorsqu’elle doit se rendre dans la kiva (salle plus masculine car enterrée), elle s’installe à un niveau supérieur à celui des hommes.

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