« Honoré de Balzac, le père Goriot ! » hantise des lycéens d’un temps, peut être avec madame Bovary et Germinal, mais ce roman, Je l’ai lu 2 fois.
La première fois c’était bien au lycée en 1979 j’avais 17 ans.
La deuxième fois ce fût en fin aout 2004, après le décès de mon père.
La première fois que j’ai lu ce texte, grâce à ma professeure de Français dont je garde le souvenir riche d’un vrai maitre (je ne puis dire maitresse), sensei en japonais, au-delà du style propre à « Balzac », au-delà de l’évocation de son époque mieux que n’importe quel manuel d’histoire, je fus surtout bouleversé par l’histoire de ce père Goriot. En fait, adolescent de 17 ans, j’en suis ressorti avec un nouveau regard sur mon père. Mon père cet homme qui faisait c qu’il pouvait, Après la lecture mon regard était totalement différent. Je le sentiment que cette histoire m’avait finalement rapproché de lui, intérieurement, plus que tout réel souvenir, plus que n’importe quel photo ancienne et joyeuse.
C’est pourquoi, lors de son décès en 2004, j’ai relu ce livre rangé depuis longtemps, comme un hommage, un deuil.
Depuis que je fais cet exercice de remémoration, un peu grâce à la découverte de Babelio, le travail de retrouver les souvenirs de ces romans qui ont inscrits en moi une marque, psychique et spirituel tout au long de ma vie. Je découvre plus profondément la complexité qui nous lie tous à la lecture de livres, à l’écriture de phrases, aux mots eux-mêmes qui deviennent des pensées, aux sentiments qui deviennent des actes et qui nous approfondissent en créant des correspondances entre ces dimensions tout à fait inouïs, Et pour cela je laisse un instant la parole à monsieur Charles Baudelaire qui sait dire ce que j’aimerais dire :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire
Et aussi quelques citations de ce roman
Vous qui tenez ce livre d’une main blanche, vous qui vous enfoncez dans un moelleux fauteuil en vous disant : Peut-être ceci va m’amuser. Après avoir lu les secrètes infort du Père Goriot, vous dînerez avec appétit en mettent votre insensibilité sur le compte de l’auteur, en le taxant d’exagération, en l’accusant de poésie. Ah ! Sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. All is true.
Mon père m’a donné un cœur, mais vous l’avez fait battre.
Une lettre est une âme, elle est un si fidèle écho de la voix qui parle que les esprits délicats la comptent parmi les plus riches trésors de l’amour…
Il y a des femmes qui aiment l’homme déjà choisi par une autre, comme il y a de pauvres bourgeoises qui en prenant nos chapeaux, espèrent avoir nos manières. Vous aurez des succès. À Paris le succès est tout, c’est la clef du pouvoir. Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront, si vous ne les détrompez pas. Vous pourrez alors tout vouloir, vous aurez le pied partout. Vous saurez ce qu’est le monde, une réunion de dupes et de fripons. Ne soyez ni parmi les uns ni parmi les autres. Je vous donne mon nom comme un fil d’Ariane pour entrer dans ce labyrinthe.
Ah ! C’est moi qui suis l’auteur de ta joie, comme je suis l’auteur de tes jours. Les pères doivent toujours donner pour être heureux. Donner toujours, c’est ce qui fait qu’on est père.
Ce père avait tout donné. Il avait donné, pendant vingt ans, ses entrailles, son amour ; il avait donné sa fortune en un jour. Le citron bien pressé, ses filles ont laissé le zeste au coin des rues.
