Le réveil est à 5 heures en ce matin de printemps.
Il faut emmener l’eau pour le grand bain,
Au bout du chemin entre les murs qui monte à la forêt,
Au bout du sentier des sureaux et des moineaux.
La baignoire est sous le tilleul et se ferme en un enclot.
Mon père déverse l’eau et ajoute le savon.
Durant ce temps, du même temps
Je rassemble les brebis
Les 400 brebis.
Je les compte.
Toujours on les compte.
1, 2, 3 …157…. 243… 400 !
Elles sont bien 400 brebis.
Et je les emmène au champs de la baignoire,
En traversant le village de mon père,
Au bout du chemin entre les murs
Au bout du sentier des sureaux.
Il est 7 heures quand la première brebis se jette à l’eau.
C’est Fanchon.
C’est la plus maline,
C’est celle qui aime resté auprès de moi,
Quand je les emmène en pâture.
Et puis toutes suivent ma belle rêveuse noire.
Les brebis suivent les grand rêveurs et grandes rêveuses.
Les bergères et les bergers sont des portes ouvertes.
Les brebis plongent les unes après les autres.
Et elles remontent la pente dans l’eau,
Et attendent dans l’enclot,
Bêlant.
Le dernier c’est Toukon, le bélier du troupeau de mon père.
Alors toutes elles sont passées, il est 9 heures.
Les amies de mon père sont arrivées
La tonte du printemps commence.
On y restera la journée.
J’ai 9 ans, nous sommes en 1971, printemps 1971.
C’était la tonte.
Demain mon père ira se faire couper les cheveux.