La bible

Pour exprimer ce que je ressentait en ayant lu la bible, je voulais trouver mes mots, des mots qui n’auraient pas entaché ce que j’avais lu. Et bien ces mots ne seront pas de moi. Ils appartiennent à Christian Bobin dans son roman (est-ce encore un roman ?) « Le Très bas ».

Ce roman est arrivé entre mes mains, par mon épouse, qui elle même l’a trouvé un matin en bas de notre immeuble comme un dépôt de livre déjà lu et qui ne souhaite pas être relu mais mérite d’être donné.

Elle l’a lu une nuit d’insomnie de 3h00 du matin à 6h00. Puis elle l’a déposé sur mon ordinateur avec ce petit mot : « A lire en urgence absolue. Pour moi c’est fait ». Mais je parlerai de ce livre plus tard en tout cas les premiers mots disent ce que j’ai ressentit de la Bible, je vous les livre brut.

L’enfant partit avec l’ange et le chien suivit derrière.
C’est une phrase qui est dans la Bible. C’est une phrase du livre de Tobie, dans la Bible. La Bible est un livre qui est fait de beaucoup de livres, et dans chacun d’eux beaucoup de phrases, et dans chacune de ces phrases beaucoup d’étoiles, d’oliviers et de fontaines, de petits ânes et de figuiers, de champs de blé et de poissons et le vent, partout le vent, le mauve du vent du soir, le rose de la brise matinale, le noir des grandes tempêtes. Les livres d’aujourd’hui sont en papier. Les livres d’hier étaient en peau. La Bible est le seul livre d’air – un déluge d’encre et de vent. Un livre insensé, égaré dans son sens, aussi perdu dans ses pages que le vent sur les parkings des supermarchés, dans les cheveux des femmes, dans les yeux des enfants. Un livre impossible à tenir entre deux mains calmes pour une lecture sage, lointaine : il s’envolerait aussitôt, éparpillerait le sable de ses phrases entre les doigts. On prend le vent entre ses mains et très vite on s’arrête, comme au début d’un amour, on dit je m’en tiens là, j’ai tout trouvé, enfin il était temps, je m’en tiens là, à ce premier sourire, premier rendez-vous, première phrase au hasard.
L’enfant partit avec l’ange et le chien suivit dernière.

3 réflexions sur “La bible

  1. Oh le Très-Bas est une merveille qui change la vie, en tous les cas pour moi… Le Très-Bas est ce que l’on trouve sans savoir qu’on le cherchait en le lisant, voilà l’effet qu’il m’a fait, monsieur Bobin est un grand écrivain, très bonne journée

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    • Je lisais quelque part à propos de ce livre : « il donne envie de croire ».
      je lui réponds :
      Alors il n’y a plus qu’à…
      Attention, il ne faut pas se méprendre sur « Croire en » et ce n’est pas « croire à ». Le « Croire en » est un acte de foi (un acte de confiance). Il ne s’agit d’aucunes certitudes, rien de rassurant (rendre sur, rendre certain). Le monde reste un « à venir » (un inattendu), il n’est pas un futur (un calcul en lequel je pose des probabilités de certitude).
      La foi c’est se jeter dans le vide, sans aucune certitude sans avoir été rassuré auparavant car demain sera toujours inattendu, avec pour seul arme la confiance, même pas l’espoir, l’espoir est encore trop mental, trop de pari, trop de probabilité.
      Plus que la jouissance du corps, le bonheur de la psyché, c’est le saut dans la joie de l’esprit !
      Alors il n’y a plus qu’à…

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      • Oui le saut dans la joie, si l’Esprit est là tant mieux, la confiance nous tient fermement entre ses bras (mais est-ce une arme ?), quelle aventure tout de même cette vie, oui vous avez raison je trouve de le dire ainsi : alors il n’y a plus qu’à… Très bonne journée

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