Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich d’Anne Teresa De Keersmaeker

L’univers semble se dissoudre par l’entropie, mais à cela s’oppose la néguentropie du vivant. Le vivant créer là ou le néant dissout. Et tout cela nous dépasse. Nous, pauvres personnes humaines, humble, humus permanent du renouveau, qui en une belle nuit de clarté contemplent le firmament et de son œil nue et constatent l’incalculable, l’incommensurable, le vertige du dépassement et malgré tout de la joie d’être vivant.

Quelque chose me dépasse et pourtant je suis en joie, j’ai envie de crier « Merci pour la vie ».

Et je sais que je suis mortel, qu’inexorablement je vais mourir. Ma vision physique et psychique de cette mort est celle du néant froid et sans joie de ce basculement du retour au non-temps, à la non-matière, à la non-existence, au non être.

Et pourtant.

Et pourtant, je suis en joie car subsiste une espérance, un espoir, une confiance, une foi en un champs d’amour existant, un chant d’amour dont je ne peux vivre l’existence que lors d’expérience non-verbale, non psychique, non physique mais spirituel.

Nous y voici.

Nous voici dans cette salle près d’un Élysée si mal occupé, dans une salle de spectacle ou le théâtre de la ville s’est réfugié durant sa transformation interne. La lumière décline jusqu’à l’obscurité et le silence s’installe.

Deux danseuses ! Commence alors ce vertige, cette joie qui nous invite à regarder ce qui nous dépasse, nous submerge, nous ébloui ! La danse est revenue totalement à sa première fonction qui est celle de marché sur une terre sacrée en toute conscience, en toute confiance. Nous allons tellement loin, vers le centre de notre univers que le temps va au-delà du temps accordé aux danseuses. Trois semaines après elle sont encore présente avec leur offrande.

Merci à ces deux danseuses, merci à ceux qui ont permis que cela nous soit donner à ressentir, merci à Anne Teresa De Keersmaeker, humblement et magnifiquement humaine.