Berserk tome 6 à 9

Planches citations

Tome 7

Je suis fasciner par cet auteur. il m’empêche d’oublier ce qui me trouble au plus profond chez un auteur, un artiste, un peintre, un chorégraphe, un danseur, un acteur… le travail sur soi afin de livrer une petite idée de ce qu’est la création. La porte ouverte vers plus que le petit moi, l’égo et l’individu. Il m’apprennent à devenir une personne. Le paradoxe de cet auteur, c’est qu’en nous délivrant un univers aussi sombre, aussi au bord du mal absolu, il démontre par son acte toute la lumière de la création. Quelle JOIE, d’être terrorisé ainsi ! Aller je passe au tome 8 Cela devient une chronique des pensées impromptus par Berserk !

Tome 8

Et voilà dans ce gigantesque flashback Guts quitte la troupe. Il reprend sa liberté, il veut devenir par lui-même, dans un monde qui ne t’autorise à n’être qu’un maitre ou un valet, Guts dit « Non ». C’est dans ce tome que l’écart se montre le plus important entre Guts et Griffith. C’est ici aussi le rendez-vous manqué tragique avec Casca. Le dessin et la mise en page servent clairement le sens du tragique. Ma lecture parallèle en journée est « L’inconsolable » d’André Comte-Sponville. D’étranges correspondances apparaissent entre l’idéal esthétique du philosophe et la quête de Guts : « que puis-je vouloir pour moi ? » Se dessine alors une conception d’un réel bien flou où l’inconnaissable prend un volume presque palpable. J’adore lire Berserk, le matin en me levant après avancé dans la bible catholique (actuellement la deuxième lettre au corinthien ou Paul est en plainte. Une lettre bien curieuse). La magie de la lecture !

Tome 9

On avance vers la fin tragique de la troupe du faucon. Splendide scène finale de ce tome du rapprochement de deux corps meurtrie par le sexe et qui se cherche par le cœur. Guts et Casca, ou comment le nu va au-delà du plaisir sexuelle pour tenter de prendre soin l’un de l’autre. Ce fut une constante entre eux deux, des corps nu qui prennent soin l’un de l’autre. Ayant vu l’animé je sais ce que cela va devenir, ce qui rend cette scène d’autant plus forte.

Le Flash de L’herbe bleue pour Christiane F.

Pour trois livres de témoignage des années 70 l’Herbe bleue, Moi Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée… et Flash.

J’ai lu ces 3 romans entre 1982 et 1983, en un temps ou je vivais des 20 ans difficiles. En ce temps là, comme beaucoup d’entre nous de cet âge nous pensions découvrir et vivre avec orgueil la subversion, alors que nous ne faisions que voyager en transgression et nous faisions route vers le néant.

contexte politique

John Ehrlichman, un ancien haut fonctionnaire de Richard Nixon, aurait admis ceci : « La campagne de Nixon en 1968 et la Maison Blanche de Nixon avaient deux ennemis : la gauche anti-guerre et les Noirs. Vous voyez ce que je veux dire ? Nous savions que nous ne pouvions pas rendre illégal d’être contre la guerre ou d’être noir, mais en amenant le public à associer les hippies à la marijuana et les Noirs à l’héroïne, puis à criminaliser les deux, nous pouvions perturber ces communautés. Nous pouvions arrêter leurs dirigeants, confisquer leurs maisons, interrompre leurs réunions et les diaboliser jour après jour aux informations du soir. Savions-nous que nous mentions au sujet des drogues ? Bien sûr que nous le savions. »

« [Le président Nixon] a souligné que vous devez faire face au fait que tout le problème sont les Noirs. La clé est de concevoir un système qui reconnaisse cela tout en ne le montrant pas. »

A cette époque nous ne devinions pas que pour les états grâce à l’expérience des USA, des jeunes droguées étaient préférables à des jeunes en révolte politique (Les brigades rouges, bande à Baader ou action direct mais aussi tout un ensemble de rassemblement plus doux) rappelé dans le film « Après la guerre » d’Anarita Zambrano (splendide tragédie grecque moderne).

l’illusion

Mais en 1980 nous vivions encore sur le mythe que la drogue est un moyen de libération. Et nous regardons de ce coté avec envie ou dégout mais aucunement avec indifférence. Et voilà qu’apparaisse alors ces témoignages sur ces fameux voyages dans l’univers de la drogue. Nous cherchions aussi l’aventure.

L’Herbe bleue Beatrice Sparks 4688 lecteurs sur Babelio

Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… de Christiane V. Felscherinow, 3300 lecteurs sur Babelio

Flash ou le grand voyage de Charles Duchaussois, 1257 lecteurs sur Babelio

(Alors pour comparer 12509 lecteurs pour « Demain j’arrête ! » de Gilles Legardinier, ce qui n’a rien à voir bien sur)

Je me demande si le groupe Babelio est un panel représentatif des lecteurs français ou francophone.

les trois livres

C’est alors difficile de retranscrire ce que fut en ce temps ces trois témoignages.

Je n’aimais pas le Charles Duchaussois, son témoignage avec quelque chose de complaisant et de prétentieux. Cela pouvait dénoncer le danger de l’héroïne mais cela aussi pouvez donner l’envie de vivre ce grand flash (on pouvait toujours se dire que nous serions plus fort que l’addiction possible). Je ne me souviens pas non plus d’une belle écriture.

L’herbe bleue m’avait à l’époque plongé dans une drôle d’impression, en tant que garçon ont été presque amoureux de cette jeune fille Alice. On avait envie de la sauver et on sentait bine les dangers de la drogue et de la déchéance qu’elle portait. Ce n’est que plus tard que j’ai appris qu’Alice n’existait pas et que l’herbe bleue était en fait un roman d’une romancière américaine Beatrice Sparks.

Quand au dernier Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…, je me retrouvais face a un vrai malaise, une vraie dureté, un vrai chemin dangereux. Ce fut le dernier que je lu en 1983 avant de sortir de la zone dangereuse.

C’est ce dernier qui a mon sens mérite d’être lu pour le témoignage qu’il fut.

Berserk – Tome 6

Premier bilan de la découverte et des synchronicités de lecture

Avant de donner mon ressentis sur les tome 6 à 10 (critique tome 10), j’ai envie de présenter le contexte dans lequel je lis ce manga, mon premier manga (et qui sera peut-être mon seul manga), et pourquoi je le découvre de manière lente.

Au réveil, après mon émerveillement quotidien d’être vivant et de ressentir avec une conscience simplement humaine, le flux de la vie, je me mets devant la fenêtre de la cuisine et remercie pendant quelque minutes (cela peut se nommer prière, méditation ou réveille).

J’ai préparé mon déjeuner et je me suis installé à la table de la cuisine, après avoir lu un verset ou deux de la bible (j’en suis aux lettres aux corinthiens de Paul – la 2ème qui par moment m’interroge), je prends alors le tome actuel de Berserk et je lis, je parcours, je me plonge dans ces dessins narratifs pour un ou deux chapitres.

Ensuite, j’emporte pour les trajets vers le travail un roman ou un essai (actuellement ce sont les lais de Beleriand de J.R.R Tolkien) et le soir avec la femme miraculeuse avec qui je partage la vie depuis 35 ans je lis de la poésie ou des romans érotiques.

Toutes ces lectures, et tout ce que je vis au quotidien, dans sa simple banalité (miraculeuse car en vie) se mêlent alors un ensemble de correspondances qui continuent à modeler l’homme de 56 ans que je suis.

Je sais que je relirais le cycle de Dune pour la 12ème fois (avant que les films de Villeneuve ne sortent), je relis couramment le poète Bashô et les dialogues avec l’ange. En littérature érotique, je suis tombé sur Anne Vassivière qui proposait quelque chose de vraiment inattendu, de nouveau, sur les perception intérieures, l’intimité profonde de chaque personne humaine entrant dans une relation sexuelle, donc une relation humaine. Et je prévois de relire plus tard Corps-âme Esprit de Fromaget, il m’a conduit à prendre conscience de l’importance de comprendre les anthropologies induites par nos croyances, nos propres visions d’être une personne humaine au sein d’une humanité en mouvement et des dangers que nos sociétés post-modernes nous font courir en fantasmant sur le transhumanise, l’Ubris des Grecs anciens, la démesure, tout en nous simplifiant en tant que consommateur idiot de biens et de services.

Mais Alors Berserk dans tout cela ?

Et bien oui Berserk va certainement venir remplacer Koltès dans mes œuvres pour une Ile. Dans cette série de manga qui se lis en parallèle de la bible, je me retrouve aux sources de ce qu’il y a de plus sombre dans la personne humaine.

C’est par le travail de ce maitre an manga qu’il nous conduit sur un chemin qui ouvre nos esprits.

Le Tome 6 que je viens de terminer à certainement était écrit et dessiné dans les années 90. Dans ces années, je ne le connaissais évidement pas, puisque c’est mon fils (25 ans) qui me l’a fait découvrir il y a à peine 2 mois. Dans les années 90 je devais lire les premiers tome de la compagnie noire, bien sombre aussi. Et la notion des ténèbres humaines me questionnait abondamment, surtout que nous allions être parent.

Aujourd’hui que je découvre ce travail remarquable, il se crée un pont entre ces deux époques et même une troisième, une sorte de pré-renaissance sombre. Tout cela entre en résonnance et ouvre de nouvelles portes, de nouvelles dimensions à explorer et de nouvelles questions.