Que croyiez-vous ?

Mais que croyez-vous ?
Bien sûr que nous riions.
Nous riions entre nous et avec tous.
Nous riions aux éclats pour un rien.
Pour Pierre qui s’énervait pour si peu,
Pour Jean qui posait ses questions de grand naïf,
Pour Mathieu, inquiet pour la caisse,
Ou pour Judas qui voyait complot partout.
Nous riions, quand Marie, fine et vive faisait un beau mot.
Ma mère avait le plus jolie éclat de rire.

Mais que croyez-vous ?
Bien sûr que nous jouions.
Le bras de fer avec Pierre,
Et nous riions quand parfois je gagnais.
Je ne jouais plus aux osselet avec Mathieu,
Il était fort, mais n’aimait pas perdre.
Et cela aussi nous faisait rire.
Marthe, inventait toujours de nouveaux jeux,
Elle était la plus intelligente de nous tous.
J’aimais les voir rire quand elle expliquait les règles à Jean.
Jacques, son frère, ne savait plus où se mettre.

Mais que croyez-vous ?
Bien sûr que nous dansions.
J’adorais danser.
Avec Marie ma mère, avec Marthe et Judith,
Mais surtout avec Marie.
Quand nous dansions tous les deux,
Tout le monde s’arrêtait et nous regardaient,
Et alors nous riions de cela aussi.
Nous dansions, nous chantions.
Anne me poussait à chanter.
Elle aimait ma voix. Et André rougissait.

Mais que croyez-vous ?
Ah ! Oui, le sexe ?
Je connaissais ma fin,
Trop de souffrance serait passé par là.
Seule Marie, ma belle Marie danseuse comprenait.
Elle était celle qui me comprenait le mieux.
Avec ma mère, mais ma mère était ma mère.

Et bien sûr, nous parlions.
Je parlais et je soignais.
Et nous savions nous aimer, aimer chacun et tous.
Et le jour qui devait, arriva.
Et ça, c’est ce qui fût écrit.

Oraison 29 aout 2020

Je me suis levé

Comment aimer ?
Et 8 jours après ?
Aimer ?

Comme en journal,
La question est posée.
Chaque jour,
Être assis sur le rebord de l’univers,
Dans le dos le néant,
Et en face la création
Qui se poursuit.
A coté ?
Dieu ?
Sis aussi sur ce rebord ?
Hors du temps ?

Iel Aime
Et l’univers se crée,
A chaque instant…
Instant ?

« Je sais » dit Ito Naga

Mais pourquoi lit-on ?

Pourquoi lit-on le livre d’Ézéchiel ?

Pourquoi plus particulièrement (Ézéchiel 37) « les ossements desséchés » ?

Pourquoi Le seigneur des anneaux, le cycle de Dune et des milliers d’autres livres depuis 50 ans ?

Et pourquoi ma fille, danseuse, a-t-elle lu et chorégraphié « Je sais ».

Oh, juste quelques passages, quelques « je sais » poétiques ». Mais elle l’a fait, puis un jour à trouvé le livre.

Elle l’a acheté.

Elle l’a relu.

Et elle me l’a prêté !

Et en deux jours, les mots d’Ito Naga sont passés en moi.

Et en ces temps ou les bureaux se retrouvent avec des espaces de détentes interdits, des lieux devenus non-rencontres, des lieux abandonnés comme dans un post-apocalyptique, pourquoi les vers de « Je sais » résonnent-ils en moi.

Ils « raisonnent » en appelant les mots d’Ézéchiel 37 « les ossements desséchés », les mots du marais de morts du Seigneur des Anneaux, les mots des grottes d’Arakeen ou sont emmurés vivants les soldats Atrèïde ?

« Je sais qu’elle est morte tout à coup un dimanche après-midi, comme d’autre allumerais la télé.

Mais pourquoi lit-on ?

Dites-moi ?