Dune, lumière de vie

Inonde-moi par plus de vie dans mes jours,
Car je ne peux avoir plus de jours à ma vie.
Mais cela est bon.

Je sens que le temps n’existe pas,
Ce qui fut reste présent
Et tout, ce qui sera ou pourrait être, est déjà là.

Donne le sens ?

Le choix d’allumer certains petit cailloux ?
Ceux qu’on allume pour éclairé un chemin ?
Un chemin de vie ?
Un don de création sur celle-ci ?
Une création qui rayonne sa lumière dans l’univers.

Inonde-moi par plus de vie dans mes jours,
Car je ne peux avoir plus de jours à ma vie.
Et cela est très bien.

La tonte

Le réveil est à 5 heures en ce matin de printemps.
Il faut emmener l’eau pour le grand bain,
Au bout du chemin entre les murs qui monte à la forêt,
Au bout du sentier des sureaux et des moineaux.
La baignoire est sous le tilleul et se ferme en un enclot.
Mon père déverse l’eau et ajoute le savon.

Durant ce temps, du même temps
Je rassemble les brebis
Les 400 brebis.
Je les compte.
Toujours on les compte.
1, 2, 3 …157…. 243… 400 !
Elles sont bien 400 brebis.

Et je les emmène au champs de la baignoire,
En traversant le village de mon père,
Au bout du chemin entre les murs
Au bout du sentier des sureaux.
Il est 7 heures quand la première brebis se jette à l’eau.
C’est Fanchon.
C’est la plus maline,
C’est celle qui aime resté auprès de moi,
Quand je les emmène en pâture.
Et puis toutes suivent ma belle rêveuse noire.
Les brebis suivent les grand rêveurs et grandes rêveuses.
Les bergères et les bergers sont des portes ouvertes.

Les brebis plongent les unes après les autres.
Et elles remontent la pente dans l’eau,
Et attendent dans l’enclot,
Bêlant.
Le dernier c’est Toukon, le bélier du troupeau de mon père.

Alors toutes elles sont passées, il est 9 heures.
Les amies de mon père sont arrivées
La tonte du printemps commence.
On y restera la journée.

J’ai 9 ans, nous sommes en 1971, printemps 1971.
C’était la tonte.

Demain mon père ira se faire couper les cheveux.

Oraison 23 mai 2020 : balade matinale

Au soulevé du sommeil
Et porté par la flamme du désir
Courir chez l’ami d’en face
Traverser la rue de sable et de cailloux
Frapper à la porte.

« — Je vous salue madame Marie,
Je viens voir votre fils.

— Il est sortie tôt à l’aurore
Pour monter à la colline verte.
Coupe à travers ma maison
Prends la porte de l’atelier,
Traverse l’enclot aux moutons
Enjambe la barrière
Et cours sur le sentier.
Tu dois pouvoir le rejoindre
Avant qu’il n’arrive au sommet.
Chaque jour il se lève avant le soleil
Pour monter contempler les matins du monde. »