Avec Fragonard, dans des draps d’aube fine par Sophie Chauveau

Les belles phrases

L’insomnie est un des plus grands moments de solitude entre soi et le lit, où se pose, cruciale, la question de la fiabilité du lit et de l’absence de Dieu, Chargé symboliquement du pouvoir de Léthé, du grand besoin d’oubli, il prend l’importance vitale « d’un répit dans l’inquiétude ». Cioran qui s’y connaissait à déclaré l’insomnie seule forme d’héroïsme au lit !

Naguère, elle le gardait dans sa couche le temps des relevailles… Là aussi, finies les riches relevailles de jadis qui s’achevaient en cérémonie d’action de grâces, le jour où la neuve accouchée retournait à l’église pour la première fois.

Sa jeunesse libertine, italienne et partageuse, ne lui a rien celé des mille et un plaisirs que glorifie le siècle, auxquels il sacrifie. Avec allégresse. C’est exactement cette joie radieuse qui caractérise l’amour et le libertinage au XVIII® siècle. Et Frago est le représentant le plus emblématique de cet éros solaire qui culmine avant l’échafaud.

les draps du gigantesque lit d’hôtel est resté dans mon souvenir. Le fougueux amoureux qui immaculé m’y avait attendu toute la nuit ? Pfuitt ! Évaporé. Son prénom, son visage, son sourire, le grain de sa peau, le goût de sa bouche ? Envolés. La somptuosité du lieu a tout remplacé. C’était une étreinte trop onéreuse pour moi, trop prétentieuse. Elle n’a pas su laisser d’autre trace que son adresse. Ostentatoirement dépensière, trop chic pour être honnête.

Alors, à la lire ?

… c’est à venir, je suis encore en cours.. Et cela en valait la peine

« C’est exactement cette joie radieuse qui caractérise l’amour et le libertinage au XVIIIème siècle. Et Frago est le représentant le plus emblématique de cet éros solaire qui culmine avant l’échafaud. »

Cette phrase, en fin de page 39 et début de page 40, a provoqué ma relecture immédiate depuis le début. Et cette fois avec, en tête, l’époque ! Le moment ou la société basculera du libertinage aristocratique vers l’austérité bourgeoise et bien-pensante, monnayable, bankable dirait-on aujourd’hui. Entrevoir et penser Fragonard évoque d’autres époques en synchronie à la sienne. Et Sophie Chauveau a su me restituer les merveilles de cela par son regard sur un seul tableau, un dessin de cette homme de ce siècle.

D’un coté Éros et de l’autre Thanatos, quand on oublie les autres dieux le monde devient manichéen et violent. Éros ne peut que perdre. Le lit, à la fin, c’est la mort qui gagne, mais « Bordel ! » qu’est-ce que ce fut bon et que de joie au-delà de la jouissance, une joie qui transcende le bonheur. Ce lit finalement devient une des portes de l’esprit (pas le bon esprit mental, l’esprit qui relève de la spiritualité) et j’en remercie cet autrice, qui avec pudeur ce dévoile, nous offrant aussi un part intime d’elle-même.

La boue chaude

Au fond d’la flaque gelé,
Le serpent se love,
Espérant rêver de printemps.

Le roseau s’attriste,
De voir les pieds gelés,
De celui qui arpentait la terre.

Clochard divin,
Endormi à jamais,
Dans le froid hiver de Macron.

Serpent, roseau et clochard,
Tinte d’une sourde musique,
Dans notre obscure lumière.

La mère et l’enfant

Une femme,
La mère.

Deux cellules en rencontre,
Un petit d’humain
A l’instant du rendez-vous, le combat commence.
Le petit parcours trois milliard huit cents million d’années,
En neuf mois,
Pour être.

Le combat titanesque
Le Combat.
Sa mère par son centre l’aide et se bat avec lui aussi.
Tous deux,
Concrètement,
Ils iront jusqu’à sa naissance à lui.
Enfin il verra le jour après avoir traversé toutes les ères
Elle verra son jour.

Peut-être ne l’aimera-t-elle pas,
Peut-être ne le gardera-t-elle pas,
Peut-être aura-t-elle seulement loué son ventre,
Mais tous deux auront parcouru les milliards d’années
Et cela, jamais, ne pourra être enlevé :
Au petit d’humain,
A la mère !

Et le Père ?
Abstrait,
Il est aux cieux,
Il s’émerveille.