Alain BASHUNG « Montévidéo »

Il m’arrive de penser que la mélancolie est de l’anti-hystérie
Et en écoutant Bashung je suis pris de nostalgie.

Page 172 des enfants de Dune dans la nouvelle Edition Ailleurs et Demain, en fin de page :

Un adage Bene Gesserit s’impose à son esprit :

« Soupçonner sa propre mortalité, c’est connaitre le commencement de la terreur. Apprendre irréfutablement que l’on est mortel, c’est connaitre le terme de la terreur.

J’ai mis du vent
J’ai mis du vent sous mon chapeau
J’ai mis du tango sur ma peau
J’ai mis du son
J’ai mis du silence et de l’eau
J’ai mis du sens à tous les mots

Tu vois
Ça fait longtemps que j’me déguise
Là-bas
J’ai laissé tomber mes valises

Y avait des cerfs-volants
Qui flottaient sur la mer
Au sud de Montevideo
Quelques milliers d’amants
Qui s’embrassaient par terre
Et j’ai failli tomber de haut

J’ai mis du temps
Pour oublier que j’t’aimais trop
J’ai mis du temps à t’faire la peau
J’ai mis du vent
J’ai mis du vent sur ma moto
J’ai mis du vertige et de l’eau

Tu vois
Ça fait longtemps que j’me fais peur
Des fois
J’me dis qu’j’vais m’enfuir avant l’heure

Y avait des cerfs-volants
Qui flottaient sur la mer
Au sud de Montevideo
Quelques milliers d’amants
Qui s’embrassaient par terre
Et j’ai failli tomber de haut

Y avait des cormorans
Qui fixaient les falaises
Au sud de Montevideo
Quelques milliers d’enfants
Qui chassaient les sirènes
J’ai dérivé jusqu’à Rio

Source : LyricFind
Paroliers : Alain Bashung
Paroles de Montevideo © Universal Music Publishing Group

L’encrier blanc

1968,
Cours Préparatoire
L’encrier blanc de porcelaine
Rempli chaque matin
Par le préposé à la date et à l’encre.
Nos porteplumes de bois
Nos sergents major
Nos crayons de bois
Nos trois crayons de couleur
Rouge, jaune, bleu
Le taille-crayon collectif
Qui devait toujours être bien taillés.
Réserve dans l’armoire fermé à clef
Avec les cahiers neufs,
De brouillon aux tables de multiplications
Du jour, pour les exercices
De Composition pour les rédaction et problèmes
De poésie, pour les récitations et dessins
Nos blouses grises

L’école primaire était notre bien commun.
Nos liés et déliés.
Ils étaient moins jolis que ceux de nos grands-mères,
Ma mère écrivait des mystères,
Elle aimait Sainte Catherine Labouré.
Viviane avait été noyée
Par le désespoir d’une mère,
Broyé par une société qui se délité.
Elle était six ans
1968 !

Quatre ans plus tard,
Le stylo encre faisait son entré
La blouse grise nous quitté
Les marques entraient
Stypen des pauvres
Waterman des riches
Vivianne n’était pas ressuscité
Et je découvrais Lancelot
Et sa dame du Lac.

Et aujourd’hui
Stylo bille et tablette numérique
Les ténèbres du selfie individualiste
Se sont propagés
Loin est l’encrier blanc de porcelaine.
Même les tables d’écolier sont individualisées.
Ce matin, je suis en Mélancholia.


L’encrier blanc est venu la nuit après avoir vu « La Lettre » et prendre conscience de comment nous nous sommes perdu. Et l’espoir pourtant est dans nos retrouvailles avec le sacré.

Car cela me semblais indispensable
« Une fois que vous savez, vous NE POUVEZ PLUS détourner le regard. »