Cassissiers et groseilliers de Mémé

1966

La rue sableuse vers Bergonne
S’apaise devant la maison de ma grand-mère.
Une fois traversée la rue de sable,
Après l’odorant lilas bleu,
Le petit champs informe descendant.

On entamait la descente par le sentier.
Sentier tracé par les pas de Mémé et sa chienne
On passait devant l’écurie vide de mon grand-père
Là, ont vécus ses chevaux.
Ses compagnonnes de travail
Ses amies animales de voyage
Avec elles, il aidait aussi ceux dans la gêne.
L’écurie était vide depuis 1958,
Sa dernière amie s’étant éteinte doucement.

Et le sentier serpentait au bas de ce champ,
A petit pas mesuré et patient,
Jusqu’à arriver au bas, le jardin de Mémé.
Et là, poussaient ses groseilliers et ses cassissiers.
La cueillette venait pour confitures et gelés.
Derrière ses arbrisseaux, son jardin.
Plantes odorantes de thyms, lauriers et serpolets,
Des persils, basiliques et Ciboulettes.
Et ensuite les légumes et racines.
Poireaux pour les soupes et pots aux feu
Choux. Plein de choux bigarrés, pour les potées.
Les saints et nobles haricots colorés à effiler,
Les petits poids cachés à écosser.
Arrivé alors le Carottes et autres navets
Et puis le coin protégé des patates,
Les nouvelles, mangées une fois l’année
Et celles qu’on gardera pour l’hiver.

Une fois le panier du repas rempli
On reprenait le sentier de ses pas
Dans sa remontée.

Pépé ne vivrait plus que quelques semaines
Et Mémé, petit a petit vieillirait.
En haut, je me retournais,
Du haut de mes quatre années,
Je regardais la vallée.
Ses champs. Aucun carré ni même métrique.
Chacun entouré de chemins, sentiers, haies et fossés
Un foisonnement de vie et de joie.
Chaque voyage vers un champs avait son parcours.
Chaque champ était unique.

Et puis Pépé est mort.
Mémé s’est affaissée.
Et, il y a eu le remembrement.
Mémé est décédé.

Aujourd’hui, ce sont de grands champs carrés,
Des champs ayant perdu toute vie.
Le village est devenu petit bourg.
Et le monde sauvage a été chassé puis achevé.
Cela commencé en 1966.