L’inconsolable et autres impromptus par André Comte-Sponville

Quelques citations

« J’ai horreur des nihilistes, des défaitistes, de tous ceux qui voudraient nous dégoûter du réel. »

« Solitude aussi bien du plaisir, fût-ce dans le coït. Deux orgasmes simultanés, lorsque cela arrive, n’en sont pas moins deux (c’est la condition stricte de la simultanéité) ; et nul amant ne saura jamais ce que l’autre, pendant que lui jouissait, a ressenti. Solitude du corps, que nulle étreinte n’interrompt. »

« Un auditeur soudain, bercé par ces improbables harmoniques, se met à rêver, et le voilà qui dirige l’univers à la baguette ! Nous sommes cet auditeur, et c’est de ce rêve que je voudrais vous éveiller. Il n’y a pas la nature ET nous. Il y a la nature et rien d’autre. Le bruit est la musique… … Il est plus opportun de discerner, dans cette pensée, ce qui gouverne notre époque : le savoir comme instrument, la puissance comme projet ; la science comme moyen, la technique comme fin, dès lors sans autre but qu’elle-même. »

« Mais au fond, c’est quoi le communisme ? C’est une humanité libérée des rapports marchands. Eh bien regarde, toi et moi : tu n’as rien à me vendre, je n’ai rien à t’acheter. Il n’y a entre nous aucun rapport marchand : entre toi et moi, c’est le communisme, ici et maintenant ! » Cela, qui me toucha, me semblait sonner le glas du marxisme, donc aussi, pour l’essentiel, de sa pensée à lui, en tout cas de son œuvre.

Nietzsche, en bon psychologue, le souligne plaisamment :  » Lors d’un décès, on a le plus souvent besoin de motifs de consolations, non pas tant pour adoucir la vivacité de la douleur que pour avoir une excuse de se sentir consolé si facilement. »

Misogynie ? Pas vraiment. « La femme est notre compagne, un être brave, quotidien, bine terrestre », dont on eut grand tord de faire un idéal, le prétendu « éternel Féminin » (comme s’il y avait un éternel Masculin !). Laforgue s’en désole plus qu’il ne s’en indigne : « Nous avons laissé notre petite sœur humaine faire humanité à part. On récolte ce qu’on a semé. » Et rêve d’un avenir réconcilié, où l’autre sexe prendrait sa part (« c’est la femme qui sauvera le monde »)

Mais enfin il ne s’agit pas pour autant de rivaliser avec la télévision, le football ou les jeux vidéo ! Il ne s’agit pas de divertir. Il ne s’agit pas d’amuser. Il ne s’agit même pas d’intéresser, si l’on entend par là que l’intérêt serait le but de l’enseignement. Il s’agit d’instruire, pour l’enseignant, et d’apprendre, pour l’élève. Que cela soit possible sans effort, c’est ce que je ne crois pas.

Une découverte

Je découvre cette personne humaine, cet homme, ce philosophe a travers un travail de pensée éparse et superbement construite. Je découvre une personne humaine honnête avec elle-même et de ce fait honnête avec nous. Il est des passages qui pourraient être des modèles pour la délivrance de nos impressions, de nos avis et de la mise en musique de nos correspondances que nous délivrons dans Babelio.

Une vision façon croquis-note est venue à en lisant les réflexion de la philosophie d’un athéiste tolérant. Cette vision est celle-ci :

J’ai compris alors en quoi la foi est un Don. Même si André Comte-Sponville n’a pas la foi, il se dégage de lui la même belle tolérance que j’ai découverte aussi chez l’évêque Michel de Paris (C’est ce manque de tolérance qui m’a détourné de Michel Onfray). Car la seule question est, pour nous personnes humaines que voulons nous, pour nous, pour nos enfants, pour nos écosystèmes et notre place dans le Cosmos ? Comment faisons-nous pour y penser et y travailler ensemble, quelle que soient nos croyances ?

Le passage qui a provoqué la vision croquis noté est celui ou le philosophe est en montagne avec un ami croyant. Le deuxième se retrouve remplis de joie a la vision des montagnes, une joie qui le remplis d’amour pour Dieu (inconnaissable infini d’amour agape), il se demande alors comme le philosophe ne peut pas croire en Dieu face à une telle vision et André de répondre, remplis d’une grande jouissance esthétique, que c’est précisément son sens de la beauté qui l’éloigne de la foi. Les deux étaient dans des états de perception très différent. Mais cela ne les empêcher pas d’être bien ensemble. C’est cela finalement la leçon de cet essai.

En vérité…