La part du colibri

Je vole, je plonge, je virevolte et revole
Je crache l’eau de mon bec sur l’embrasement
Et je reprends

Je vois mourir
Ma sœur biche
Mon frère sanglier
J’entends éclater les abeilles, les guêpes
Mes sœurs araignées grillent en un instant
Je fais ma part

Je vole, je plonge, je virevolte et revole
Je crache l’eau de mon bec sur l’embrasement
Et je reprends

Et les singes habillés ?
Ils se renvoient la faute sans fin.
Ceux qui ont, ne veulent pas partager
Ils cachent même l’eau
Ceux qui n’ont rien se haïssent entre eux
Les singes habillés sont fous

Et moi
Je vole, je plonge, je virevolte et revole
Je crache l’eau de mon bec sur l’embrasement
Et je reprends

Les singes habillés ont tué leur frère
Leurs frères singes habillés
Leurs sœurs et frères des basses courts
Leurs sœurs et frères des forêts et des mers
Leurs sœurs et frères qui vivent dans la terre
Mon frère le ver à grillé
L’incendie s’agrandi

Et moi, mes pates sont brulées
Je vole, de plonge, je virevolte et revole
Je crache l’eau de mon bec sur l’embrasement
Et je reprends

Les singes habillés
Ont poignardé la mère terre
Pour en faire sortir le sang noir
Ce sang qui devait rester enfoui
Ils l’ont répandu en ruban noir
Et ils roulent dessus à tombeaux ouverts
Fracassant les frères et les sœurs
Ils ont fait des ruches grises
Où nul miel ne nait
Ou nulle chaleur ne sort
Mais provoquent l’incendie

Et moi, mon bec fendu
Mes plumes brulé
Je tombe dans l’embrasement
J’ai fait ma part

Ci-git un colibri qui fit sa part
Ci-git une planète qui fut remplie de vie