Pieds nus sur la terre sacrée par Teresa Carolyn McLuhan

Quel chemin nos ancêtres européens ont-ils choisi ? Est-ce nos ancêtres, ou est-ce les dirigeants, les puissants de nos ancêtres qui ont choisi ce chemin tracé par des découvertes, des inventions et des conquêtes et enfin finir en exploitation de ces mondes nouveaux, avec la folie de vouloir s’en accaparer plus, encore plus. Toujours plus. Et après deux guerres mondiales ils nous ont laissés un monde fait de divisions et de pertes de sens. Alors comme thérapie, nos parents ont foncés vers le nihilisme de la société de consommation. C’est la seule chose qu’on leur proposait et que les puissants d’alors appelaient sociale démocratie, de nouveaux progrès technologiques sans âme ni esprit, exploitant pour grande partie les ressources de la terre, au détriment même de ceux vivant dessus. Mais notre folie était-elle trop grande pour pouvoir concevoir de faire machine arrière ?
Nous avons, entre autres, détruit ces peuples vivants une forme d’harmonie avec la nature, ceux que nous appelions les indiens, les amérindiens puis maintenant les natifs.
Nous avons détruit leur pensée, leur philosophie leur façon de vivre en harmonie.

Une femme, en un temps a rassemblé quelques uns des textes qu’ils nous ont laissé.

Et après les avoir lus, je me sens encore plus seul, plus sale, plus honteux.
Aujourd’hui en 2022, un aveugle « ne voulant pas voir » ironiquement, avec mépris me traiterait de « Woke », presque de « salaud de Woke ».

Mais je vous assure, aujourd’hui je ne sais pas où pleurer ? Peut-être, seul, au petit matin près d’une rivière comme une prière silencieuse qui demande pardon.

Des extraits

« Quand les Blancs sont arrivés dans le pays Lakota,
nous avons observé leur comportement :
ils criaient après leurs enfants,
ils les frappaient souvent.

Leurs enfants étaient comme leurs esclaves :
ils devaient toujours leur obéir,
toujours subir sans rien dire.

Nous pensons que traiter de jeunes êtres
de cette manière est brutal,
barbare et stupide.

Cela donne des êtres humains qui,
à l’âge adulte,
seront fragiles,
insécurisés,
en proie à l’angoisse,
la culpabilité,
la violence.

Des êtres humains qui auront
un problème avec l’autorité,
soit par une rébellion
et des revendications excessives,
soit par une soumission
et un conformisme excessifs.

Nous pensons que briser l’esprit d’un enfant
est la pire des choses
qu’un être humain puisse faire à un autre.

Nos enfants ont grandi dans la tolérance
et le respect,
mais aussi avec des repères,
des structures morales
et sociales fermes
et bien définies.

Ils se sentent à l’aise dans leur peau,
développent une solide confiance en eux,
et deviennent des personnes libres.
Ils n’ont peur de rien. »

(Mary Black Wolf, peuple Lakota)


Dans la vie de l’indien, il n’y a qu’un devoir inévitable – le devoir de prière – la reconnaissance quotidienne de l’Invisible et de l’Éternel. Ses dévotions quotidiennes lui sont plus nécessaires que sa nourriture de chaque jour. Il se lève au petit jour, chausse ses mocassins et descend à la rivière. Il s’asperge le visage d’eau froide ou s’y plonge entièrement. Après le bain, il reste dressé devant l’aube qui avance, face au soleil qui danse sur l’horizon, et offre sa prière muette. Sa compagne peut l’avoir précédé ou le suivre dans ses dévotions, mais ne doit jamais l’accompagner. Le soleil du matin, la douce terre nouvelle et le grand silence, chaque âme doit les rencontrer seule !

Ohiyesa, Santee Dakota, 1911


« Les hommes blancs annonçaient bien haut que leurs lois étaient faites pour tout le monde, mais il devint tout de suite clair que, tout en espérant nous les faire adopter, ils ne se gênaient pas pour les briser eux-mêmes.
Leurs sages nous conseillaient d’adopter leur religion mais nous découvrîmes vite qu’il en existant un grand nombre. Nous ne pouvions les comprendre, et deux hommes blancs étaient rarement d’accord sur celle qu’il fallait prendre. Cela nous gêna beaucoup jusqu’au jour où nous comprîmes que l’homme blanc ne prenait pas plus sa religion au sérieux que ses lois. Ils les gardait à portée de la main, comme des instruments, pour les employer à sa guise dans ses rapports avec les étrangers. »

Pachgantschilhilas, chef des Delawares


Le 17 juin 1744, les commissaires du Maryland et de la Virginie négociaient un traité avec les Indiens des Six Nations à Lancaster en Pennsylvanie. A l’issue de ce traité les indiens étaient invités à envoyer leurs enfants au William and Mary College. Le lendemain, ils déclinèrent l’offre ainsi :
Nous savons quelle haute estime vous portez au genre d’enseignement donné dans ces collèges, et que l’entretien de nos jeunes hommes, pendant leur séjour chez nous, vous coûterait très cher. Nous sommes convaincus que vous nous voulez du bien avec votre proposition et vous en remercions de tout cœur. Mais, vous qui êtes sages, vous devez savoir que chaque nation a une conception différente des choses et, par conséquent, vous ne le prendrez pas mal s’il se trouve que nos idées sur cette sorte d’éducation ne sont pas les mêmes que les vôtres. Nous en avons fait l’expérience. Plusieurs de nos jeunes ont été jadis élevés dans les collèges des provinces du Nord ; ils furent instruits de toutes vos sciences mais, quand ils nous revinrent, ils ne savaient pas courir et ignoraient tout de la vie dans les bois… Incapables de faire des guerriers, des chasseurs ou des conseillers, ils n’étaient absolument bons à rien.
Néanmoins, nous vous restons obligés pour votre offre bienveillante, bien que nous ne puissions l’accepter ; et pour vous montrer combien nous vous en sommes reconnaissants, nous vous proposons d’accueillir une douzaine de vos fils, si ces messieurs de Virginie le veulent bien, de prendre soin de leur éducation, de les instruire en tout et de faire d’eux des hommes.

Alors parlons poésie

Les politiques,
Les décideurdeuses,
Le éditeurtrices,
Les lecteurtrices pros,
Les critiques et tic,
N’aiment pas, les poèmes.
Ils aiment, le Nom des Poèétesses,
Des Chorégraphes,
De peintétresses,
Des produits à vendre sur un marché
Libre et non faussé.

Un matin d’été
Dans le grenier de Mémé
je suis tombé sur des feuillets libres
Cousus ensembles par un fil doré.
Des poèmes.
Aucun nom d’auteur.
Aucun titre.
Voici deux extraits :


Et voici par mon ouïe tramée de crissements
et de fusées syncoper des laideurs rêches
les cent pur-sang hennissant du soleil
parmi la stagnation.

Ah ! je sens l’enfer des délices
et par les brumes nidoreuses imitant de floches
chevelures – respirations touffues de vieillards
imberbes – la tiédeur mille fois féroce
de la folie hurlante et de la mort.
Mais comment, comment ne pas bénir,
telle que ne l’ont point rêvée mes logiques,
dure, à contre-fil lézardant leur pouacre ramas
et leur saburre, et plus pathétique
que la fleur fructifiante,
la gerce lucide des déraisons.

Le deuxième :

Moi si j’avais commis tous les crimes possibles
Je garderais toujours la même confiance
Car je sais bien que cette multitude d’offenses
N’est qu’une goutte d’eau dans un brasier ardent

Oui, j’ai besoin d’un cœur, tout brûlant de tendresse
Qui reste mon appui, et sans aucun retour
Qui aime tout en moi, et même ma faiblesse
Et ne me quitte pas, ni la nuit ni le jour.

Je fus bouleversé par ce recueil improvisé
Les mots inconnus se télescopaient
J’aimais ces poèmes.
Ils m’évoquaient Vivianne.

Plus tard je sus
Ma grand-mère avait fait mélange de ses poèmes
Et d’autres Poèétesses.
Aymé Césaire,
Thérèse de Lisieux,
Et d’autres encore.

Ma grand-mère aimait les poèmes.
Ma mère aimait à écrire sur cahier de brouillon des mystères.
A toutes deux cela ouvrait des portes,
Que des paysannes ne pensaient ouvrir.
Oui c’était naïf,
Mais pas que.
Quand elle priait, chaque jour
Ma grand mère récitait un poème,
Pour Marie, dont elle portait le prénom.

Et que dire des peintures
De ces croutes touchantes et étranges
Celle qui nous font aimer
Les herbes folles qui poussent
Entre les pierres de nos balcons parisiens.
La vie, la vie sort toujours partout !
Un kilo de vivant porte plus de lumière
Qu’un kilo de soleil !
Alors de nos goudrons noir
Des routes dont nous sommes si fiers ?

Que dire d’un air entendu,
Avec un ukulélé
Dans une chapelle auvergnate improbable.

Je lis
Je regarde
Je goute
Et j’entends une odeur
Une odeur qui me ramène Viviane.

4 femmes cette année là, détruites !
Elles avaient toutes quatre, 28 ans.
Deux leucémies,
Une dépression nerveuse
Et un suicide.
La mère de Viviane.
Méchanceté des dames patronnesses ?
Regards salaces des mâles en rut ?
Mari berger par trop absent ?
Un jeudi matin d’avril 1968
Elle est partie à la rivière
Elle a noyé ses deux petites filles avant elle.
6 ans, comme moi
2 ans, comme ma sœur.
Viviane était mon amie, nous étions 6 ans.

Alors quelque chose en moi était brisé.
Cœur de pierre fracassé.
Ma mère était la 28 ans de la dépression.
Celle-ci ne l’a jamais quitté.
Mai 1968.
Pendant ce temps des jeunes,
Ces Futurs vieux macroniste
Faisaient leur révolutionette pacotillante à Paris.

J’aime les poèmes maladroits de hasard.
Les rencontres inattendues de quelque secondes.
Je pleure facilement !
Je me fous d’avoir couilles et phallus.
Je me fous du nom des Poèétesses,
Quoi que, des femmes humbles,
Et généreuses, et attentives,
et inquiètes pour les autres aussi
soient souvent très sincères.

Les éditeurs d’aujourd’hui vendent des produits
De la franco-marocaine
De la franco-camerounaise
Du Franco-truc
De la jeune provinciale,
youtubeuses ou bloggeuses.
Des savoir-faire de rédactions digne de la troisième.

J’ai détesté Edouard louis quand il fut reçu pour sa belle gueule et que les bobos parisiens lui faisaient dire à satiété des horreurs sur les prolos picards.
Moquerie,
Rigolards,
Haine !

Voilà c’est ce que ce sont devenus les éditeurs.
Vendeurs de produits !
Alors, je cherche, des poèmes,
Des romans,
Des essais,
Des galeries,
Peut publicités

Je me fous des noms
Mais je me détourne des Picasso,
des Bertrand Cantat,
Et autres pervers Narcissique
Qui se vendent si bien !

Que les politiques cessent donc,
De citer citations et noms de produit.
Qu’ils lisent le cycle de Dune complet.
Ils seront interrogés dessus.
« Lorsque la religion et la politique voyagent dans le même chariot, les voyageurs pensent que rien ne peut les arrêter. Ils vont de plus en plus vite. Ils oublient alors qu’un précipice se révèle toujours trop tard. »
Et Macron se prend pour un nouveau dieu, Jupiter !
Tout relève du pouvoir
Ces gens là doivent tomber dans le précipice !

Je pense aux quatre femmes de 68,
Je pense à Viviane
Je pleure. Et pleure encore.
Je pense à ma mère et à ma grand-mère,
Je pleure leurs malentendues.
Alors je me tourne vers Marie,
Cette femme qui fut, enfant, jeune fille, jeune femme, jeune mère, mère et femme. Elle a aimé son Joseph, Elle a aimé Jésus.
Et toutes ces femmes qui m’ont appris à devenir un humain !
Poésie maladroite comme des feuillets perdus et cousus de fil doré !

« Quand je me réveille,
Je regarde mon époux.
Il est là.
Je me lève.
Je te prie, ma sœur.
Je descends préparer le feu et le café.
J’ai les vaches à traire,
Firmin m’aidera,
Et le repas de midi des saisonniers.
Et la journée avancera.
Je te verrais à la Messe, Marie. »
Marie juillet 1948