Rêve Étrange de cette Nuit

Le rêve étrange de cette nuit demeure collé encore sous mes paupières. Il est quatre heures du matin et je suis hanté par ce songe, si puissant et fantasmagorique.

Une maison, longue et sinueuse, certaines pièces encore en travaux, des cuisines et des chambres inachevées. Cette demeure mêle les souvenirs de la première maison de mon enfance à celle de ma tante Jeanne, deux maisons de paysans. Des réminiscences me reviennent, ma petite voisine, mon amie, ma sœur. Elle est morte, noyée à six ans avec sa sœur et sa mère, cette jeune femme belle et désespérée, rejetée par les bonnes chrétiennes de notre village. Mais cela, c’est bien après le rêve.

Dans ce rêve, cette maison étrange, à la fois achevée et en construction, abrite un fantôme. Une femme veut me voir. Je suis effrayé. Alors, c’est ma marraine, ma grande cousine Maryse, décédée elle aussi, qui vient à moi et me demande de recevoir cette femme.

Tremblant encore un peu, je l’accueille. Cette femme me plonge dans une tristesse profonde et insondable. Elle m’explique que, morte, son enfant n’a pu voir le jour, cet enfant qui est ma fille, celle qui aurait dû naître. Elle me dit que ma fille veut me voir, qu’elle veut savoir comment elle aurait été aimée, comment elle aurait été éduquée. Je vois cette jeune fille et déjà, je l’aime. Je lui dis que je l’aurais aimé comme mes propres enfants, ceux réels, élevée avec l’amour, l’accompagnement dans ses passions et ses désirs, en acceptant aussi d’être éduqué par elle. Je l’aurais rendue forte, sage, intelligente, aimante, et je me serais laissé transformer par elle. Je pleure en la prenant dans mes bras. Cette fille qui ne fut jamais.

Cette petite fille non-née, parce que sa mère est morte bien avant que cela ne puisse advenir. Sa mère était mon amie Vivianne, elle avait six ans.

Ce rêve m’a laissé un goût étrange dans la bouche, une saveur d’avenir fauché, de vies interrompues.

À Vivianne et Véronique et à Alphonsine, leur mère, RIP pour l’éternité qui est le tout hors du temps. Et à ma mère Simone aussi.

Mes enfants, mon épouse, je vous aime.

Haïku

Sous les cieux mourants,
Un avenir non-éclos,
Larmes d’ombres passent.

Tanka

Rêve de maisons,
Fantômes et tristesse lourde,
Fille jamais née,
Amour et douleur mêlés,
Vie fauchée, rêves brisés.

Sonnet ou presque

Dans la maison des rêves inachevés,
Ombres dansent, souvenirs déployés,
Un fantôme murmure des vérités,
D’une enfant non née, d’un amour passé.

Elle dit, morte, que sa fille est là,
Qu’elle cherche son père, son pourquoi,
Je vois cette enfant, cœur qui bat,
Un écho d’amour, d’un temps autrefois.

Je l’aurais aimée, forte et vibrante,
Guidée dans la vie, par amour sage,
Elle m’aurait aussi transformé.

Mais le rêve se brise à l’aube,
Un goût amer, comme une robe,
D’avenir fauché, de vies brisées.

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