Les sept écologies : Pour une alternative à l’écologie punitive par Le Luc Ferry

Note : 0.5 sur 10.

Reprise de BurjBabil, un « babeliophile » dont la critique est absolument pertinente.

Trois chapitres et deux parties pour faire dissertation philosophique..
Sept écologies pour les rois nains dans leurs visions étriquées.
(dix) Neuf euros pour admirer une pensée moderne et décomplexée.

Ce sont donc sept (huit selon l’auteur en fait mais, à l’instar de ses modèles anciens, c’est moins « magique ») écologies qui vont être passées en revue par M. Ferry.

Ce livre a eu deux effets simultanés ; il m’a d’abord beaucoup intrigué. Si son auteur n’était pas si respecté dans les cercles autorisés à penser et à nous informer, j’aurais imaginé une somme réflexive ou compilatrice. Puis dans un deuxième temps il m’a permis de mieux comprendre la position défendue par cette frange évoluant dans une société très favorisée et ayant le loisir de réfléchir à des paradigmes comparables à ceux des transhumanistes.

M. Ferry commence par nous expliquer les thèses de ceux qu’il s’apprête à moquer par la suite, après avoir annoncé que ce n’était pas facile à faire. Intellectuellement, c’est assez subtil, mais venant de la part de quelqu’un qui a participé à l’élévation du niveau de l’école publique de ces dernières décennies (il n’est pas le seul, il y a une certaine continuité dans cette tâche chez les ministres de l’éducation nationale, moult vidéos le prouvent…) c’est un défi relevable.

Il nous dresse un portrait sarcastique dans l’ordre des « effondristes », « collapsologues » comme Pablo Servigne ou Aurélien Barrau (que je conseille d’écouter au moins une fois pour se faire une idée plus objective, des vidéos de ces derniers circulent, des livres aussi bien sûr).

Ce sont également des « alarmistes révolutionnaires » qui sont présentés comme des épouvantails bien pratiques comme un certain William Aiken dont personne n’a entendu parler qui écrit des choses abominables comme : « une mortalité humaine massive serait une bonne chose. Il est de notre devoir de la provoquer. C’est le devoir de notre espèce vis-à-vis de notre milieu d’éliminer 90 % de nos effectifs ». le philosophe ministre médiatique écrit alors « On serait tenté d’ironiser, d’afficher sa réprobation morale face à ce genre de propos, mais ce serait une facilité ». Magnifique figure de style (prétérition) qui consiste à faire ce qu’on dit ne pas vouloir faire.

Son dessein dans cet ouvrage est plus ou moins énoncé au chapitre III ; « En clair, il s’agit de réconcilier l’écologie et l’économie de marché ». Pour cela, dès la deuxième partie il fait l’éloge du C2C (anglicisme oblige pour les mondialistes médiatiques): le Cradle to Cradle grapillé aux véritables concepteurs de cette notion : William McDonough et Michael Braungart et qui signifie : créer et recycler à l’infini.

Ainsi on pourra atteindre le nirvana : « croissance infinie, zéro pollution ! »

Le dernier chapitre est aussi instructif : après des dizaines de pages consacrées à nous expliquer les positions philosophiques successives concernant notre rapport aux animaux et leurs promoteurs (à ce titre ce livre peut être considéré comme un bon cours de philo, pour nos jeunes, cette matière figurant toujours dans l’organigramme officiel de l’éducation nationale, on comprend pourquoi), il se lance dans son grand final : la promotion de la viande cellulaire.
Magnifique figure de style (syllogisme), qui consiste à dire a) Continuer de manger de la viande est moralement condamnable. b) La seule solution possible est dès lors le véganisme mais c’est impossible c) Il ne reste que ma solution : La viande cellulaire.

Bon, il faut quand même lire entre ses lignes, cette production technologique de viande, en bonne économie libérale, ne concernerait pas tout le monde : « Elle pourrait continuer à proposer de la « vraie viande » à côté d’une industrie « biotech » qui devrait permettre un jour de nourrir la planète entière sans faire de dégâts. »

Il en va de l’agriculture comme de l’éducation vue par M. Ferry : 35 par classe et de la bouffe Tricatel pour le peuple et Montessori et Bœuf Charolais pour les enfants des invités aux diners privés en hôtels particuliers.

Le public visé de ce livre « philosophico-religieux » (Religion fermé = néolibéralisme mondialisé) est modestement désigné : « Pour ceux qui ne sont pas encore totalement figés dans une idéologie en béton, désormais aussi dogmatique et faussement scientifique que le communisme des années 1950, je puis garantir que la lecture de ce qui suit en vaut la peine. »

Pour les autres, je conseillerais les textes originaux, réellement intéressants car produits par de vrais spécialistes ainsi que les livres sournoisement moqués dans cet ouvrage, Pablo Servigne et Aurélien Barrau en tête.

Ainsi, il sera possible de s’élever un peu et de se forger une opinion personnelle. Toutes les références citées par l’auteur sont par ailleurs dignes d’intérêt.

PS : J’ai le souvenir d’un ministre qui voulait remédier aux problèmes de l’école. A sa façon libérale s’entend. Il avait même distribué « gratuitement » un de ses livres à cette armée de profs, qui, au quotidien, essaient de résoudre une équation impossible: enseigner dans des classes surchargées, avec des élèves de niveaux complètement incompatibles… Il se proposait de leur expliquer comment faire… On juge d’un arbre à ses fruits : ceux-ci ont mûri. C’est la catastrophe. Si son analyse « écologiste » est identique, alors, il faut faire exactement l’inverse de ce qu’il préconise. Sinon, le mieux est de l’ignorer et de chercher par soi même le meilleur chemin.

Merci a ce lecteur d’avoir accepté que je puisse reprendre entièrement sa critique.

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